Un jour, cet homme et cette femme se disputèrent violemment. Pourtant aucun des deux ne pouvait se rappeler quel avait été le sujet de leur dispute. Ils se dirent des mots durs, se mirent en colère, se lançant des mots de plus en plus violents. Finalement, pleine d'amertume et de reproches, la femme tourna le dos, quitta la maison, et s'en alla vers l'est, vers le soleil levant. L'homme s'assit seul dans sa maison. Comme le temps passait, sa solitude devint lourde et sa colère le quitta pour faire place à un terrible désespoir et à un grand chagrin. Il commença à pleurer.
Un esprit entendit cet homme pleurer et eut pitié de lui. Il se transforma alors de manière à ce que l'homme puisse le voir et lui parla ainsi: “Homme, pourquoi pleures-tu ?” L'homme répondit : “Ma femme m'a quitté.” L'esprit dit alors : “Pourquoi est-ce que ta femme t'a quitté ?” L'homme leva les bras dans un soupir : “Je me suis disputé avec elle mais aujourd’hui ma colère est tombée et je suis désespéré.”
L'esprit lui annonça alors : “J'ai vu ta femme. Elle marche vers le soleil levant.” Alors l'homme se leva et se mit en chemin pour rejoindre sa femme mais il ne pouvait la rattraper. Tout le monde sait qu'une femme en colère marche vite. Finalement, l’esprit vint à son aide et lui dit : “Je vais aller au devant d'elle et je vais voir si je peux un peu ralentir sa course.”
L'esprit regarda autour de lui. Le long du chemin poussaient des broussailles.
D'un geste de la main sur les buissons, il fait éclore des fleurs, puis les fit s'épanouir et fit mûrir des fruits. Mais la femme ne pouvait toujours rien voir d'autre que sa colère, elle avait le regard fixé droit devant elle. Alors, une par une, toutes les baies que portait la montagne, même les délicieuses framboises, sortirent des fleurs en se parant de leurs belles couleurs. Mais la femme ne pouvait rien voir d'autre que sa colère, tandis que son pas rapide frappait le sol.
L'esprit fit alors appel aux arbres. Des pêches, des poires, des pommes et des cerises sauvages surgissaient tout autour de la femme. La forêt tout entière éclatait en fleurs et mûrissait en fruits. Mais la colère de la femme formait un écran opaque qui occultait tous ses regards. Elle avait les yeux fixés droit devant elle.
Finalement l'esprit se dit : “Je vais créer une espèce de fruits entièrement nouvelle. Une espèce qui pousse vraiment à fleur de sol. La femme devra se baisser un instant pendant lequel elle oubliera sa colère.” Il fit alors un mouvement de la main et un épais tapis vert commença à pousser sur le chemin. Ensuite, il se couvrit de toutes petites fleurs blanches et chaque fleur s'ouvrit et mûrit à mesure jusqu'à devenir une baie de la couleur et de la forme d'un cœur humain. En marchant dessus, la femme écrasa quelques-unes de ces nouvelles baies et une délicieuse odeur arriva jusqu'à ses narines.
Alors, elle s'arrêta pour examiner d'où provenait cette odeur si suave et si nouvelle. Elle baissa les yeux et vit ces fruits rouges et mûrs. Elle en ramassa un, le goûta et la saveur était aussi douce que l'amour lui-même et commença à remplir un bol fabriqué avec une feuille. “C'est le meilleur fruit de la terre”, se dit-elle. Les fraises poussaient de plus en plus nombreuses, la ramenant vers l'ouest.
Quand son bol fut rempli, elle se releva et vit son mari qui arrivait sur le chemin. La colère n'était plus dans son cœur et tout ce qui restait là, c'était l'amour qu'elle avait toujours connu. Elle se dépêcha d'aller à sa rencontre et lui tendit le bol de baies parfumées. “Regarde les délicieux fruits que j'ai ramassés pour toi, ce sont les meilleurs qui poussent par ici.” Ils les mangèrent ensemble, ensemble aussi ils retournèrent à leur maison et ils vécurent en paix, dans le bonheur et l'amour.
Voilà comment les toutes premières fraises du monde apportèrent la paix entre l'homme et la femme, et voilà aussi pourquoi, depuis ce jour, ces fruits sont appelés les baies d'amour... »
Les couples qui viennent nous consulter sont le plus souvent en crise : crise dans la relation, crise dans la sexualité, ou les deux, l’une masquant ou entraînant l’autre. Notre premier travail en tant que thérapeute de couple va être de recréer un espace de parole possible où les mots vont pouvoir prendre un autre sens et où le corps va retrouver une place souvent annulée. Que l’approche soit purement systémique orientée vers le changement ou mixte (systémique à orientation psychanalytique orientée sur le sens), l’hypnose dans les thérapies de couple est un outil à la fois peu utilisé, très peu théorisé et pourtant passionnant.
Nous allons voir dans quelle mesure l’hypnose peut être utile et comment l’intégrer.
Mais avant tout, quelques préalables : son utilisation ne se fera pas au hasard car elle nécessite de solides appuis. Le thérapeute devra à la fois être expérimenté dans l’approche des couples et en hypnose individuelle. Il devra donc bien connaître les techniques et être au fait de ce qui se joue dans une relation duelle face à un thérapeute. C’est pourquoi le choix de l’utilisation de l’hypnose devra toujours être justifiée et prudente.
Ceci dit, le champ d’investigation grâce à l’hypnose est plus large face à un couple qu’en individuel, puisque nous considérons d’une part que le couple est une entité à part entière, et d’autre part que c’est dans l’entre-deux que se joue la relation. Nous sommes donc en face de deux individus et de l’entité couple elle-même dynamique.
Ces quelques conditions posées, penchons-nous sur les pères fondateurs qui ont abordé le couple par l’hypnose. Je ne citerai que les trois principaux.
Erickson et Jay Haley
Dans l’ouvrage « Changer les couples », les conversations sur le couple, le mariage entre Erickson et Jay Haley posent les bases de la prise en charge thérapeutique, toujours en miroir avec la pratique et des cas concrets. En effet, comme pour l’ensemble de son œuvre non théorisée (au sens où nous l’entendons dans le corpus de la pensée occidentale), Erickson ne nous livre que des pistes basées sur son expérience et, comme tous les précurseurs, il était audacieux mais de plus malicieux dans sa façon de pratiquer l’hypnose en couple. Il n’empêche qu’en se penchant sur les textes, nous pouvons en extraire de vraies pistes si ce n’est théoriques, mais au moins théorico-pratiques, qui tournent autour de deux questions : qu’est-ce qu’une union réussie ? et comment aider les couples à évoluer ?
A la première question, Milton Erickson répond en décrivant quatre sortes d’amour : la forme infantile « Je m’aime moi », qui dans un deuxième temps devient « Je m’aime en toi ». Puis il décrit l’amour adolescent « Je t’aime parce que tu me plais, ta beauté ou ton intelligence me plaisent… ». Enfin l’amour adulte s’exprime ainsi : « Je veux t’aimer et je souhaite ton bonheur. Plus tu es heureux, plus je le suis et je trouve mon bonheur dans le tien. » J’ajouterais « et dans le respect que tu as du mien ».
La maturité de l’amour serait donc l’aptitude à jouir de la jouissance de l’autre. Nous voyons donc que pour Erickson l’amour se construit par strates successives. Ce modèle peut d’ailleurs s’appliquer à la sexualité, allant du plaisir auto-érotique (qui existe aussi dans la relation) au partage érotique dans un désir vivant.
A la deuxième question : « Qu’est-ce qu’une thérapie de couple ? », la réponse d’Erickson a le mérite d’être pragmatique : la thérapie consiste d’abord à amener les gens à se conduire de façon adéquate dans la réalité.
Dans ce cadre quotidien, il faut vivre, manger, réagir aux événements et préparer le lendemain. Les travaux de Jürg Willi sur la collusion et les modèles psychopathologiques de couples ont montré les interférences inconscientes qui se jouent dans la relation. D’autres travaux, comme ceux des sociologues suisses Kellerhals, Widmer et Lévy ont examiné le fonctionnement des couples non pathologiques et dégagé cinq styles de conjugalité : bastion, cocon, compagnonnage, association et parallèle. Toutes ces grilles de lecture vont permettre de trouver des points de levage pour introduire l’hypnose dans la thérapie.
Le but d’Erickson et de Haley est de permettre aux couples de modifier leur position individuellement et dans le lien afin de sortir de l’impasse. Pour cela, ils utilisent sciemment dans leurs interventions des méthodes comme l’absurde, l’illogisme, la provocation ou la prescription de symptôme. Jay Haley va jusqu’à proposer l’« ordeal therapy », où la tâche à accomplir est plus éprouvante que le symptôme. Enfin, notons que l’approche d’Erickson est la fois globale sur le plan de la personne mais toujours dans une recherche du détail dans un engagement toujours personnalisé et sur mesure.
Un esprit entendit cet homme pleurer et eut pitié de lui. Il se transforma alors de manière à ce que l'homme puisse le voir et lui parla ainsi: “Homme, pourquoi pleures-tu ?” L'homme répondit : “Ma femme m'a quitté.” L'esprit dit alors : “Pourquoi est-ce que ta femme t'a quitté ?” L'homme leva les bras dans un soupir : “Je me suis disputé avec elle mais aujourd’hui ma colère est tombée et je suis désespéré.”
L'esprit lui annonça alors : “J'ai vu ta femme. Elle marche vers le soleil levant.” Alors l'homme se leva et se mit en chemin pour rejoindre sa femme mais il ne pouvait la rattraper. Tout le monde sait qu'une femme en colère marche vite. Finalement, l’esprit vint à son aide et lui dit : “Je vais aller au devant d'elle et je vais voir si je peux un peu ralentir sa course.”
L'esprit regarda autour de lui. Le long du chemin poussaient des broussailles.
D'un geste de la main sur les buissons, il fait éclore des fleurs, puis les fit s'épanouir et fit mûrir des fruits. Mais la femme ne pouvait toujours rien voir d'autre que sa colère, elle avait le regard fixé droit devant elle. Alors, une par une, toutes les baies que portait la montagne, même les délicieuses framboises, sortirent des fleurs en se parant de leurs belles couleurs. Mais la femme ne pouvait rien voir d'autre que sa colère, tandis que son pas rapide frappait le sol.
L'esprit fit alors appel aux arbres. Des pêches, des poires, des pommes et des cerises sauvages surgissaient tout autour de la femme. La forêt tout entière éclatait en fleurs et mûrissait en fruits. Mais la colère de la femme formait un écran opaque qui occultait tous ses regards. Elle avait les yeux fixés droit devant elle.
Finalement l'esprit se dit : “Je vais créer une espèce de fruits entièrement nouvelle. Une espèce qui pousse vraiment à fleur de sol. La femme devra se baisser un instant pendant lequel elle oubliera sa colère.” Il fit alors un mouvement de la main et un épais tapis vert commença à pousser sur le chemin. Ensuite, il se couvrit de toutes petites fleurs blanches et chaque fleur s'ouvrit et mûrit à mesure jusqu'à devenir une baie de la couleur et de la forme d'un cœur humain. En marchant dessus, la femme écrasa quelques-unes de ces nouvelles baies et une délicieuse odeur arriva jusqu'à ses narines.
Alors, elle s'arrêta pour examiner d'où provenait cette odeur si suave et si nouvelle. Elle baissa les yeux et vit ces fruits rouges et mûrs. Elle en ramassa un, le goûta et la saveur était aussi douce que l'amour lui-même et commença à remplir un bol fabriqué avec une feuille. “C'est le meilleur fruit de la terre”, se dit-elle. Les fraises poussaient de plus en plus nombreuses, la ramenant vers l'ouest.
Quand son bol fut rempli, elle se releva et vit son mari qui arrivait sur le chemin. La colère n'était plus dans son cœur et tout ce qui restait là, c'était l'amour qu'elle avait toujours connu. Elle se dépêcha d'aller à sa rencontre et lui tendit le bol de baies parfumées. “Regarde les délicieux fruits que j'ai ramassés pour toi, ce sont les meilleurs qui poussent par ici.” Ils les mangèrent ensemble, ensemble aussi ils retournèrent à leur maison et ils vécurent en paix, dans le bonheur et l'amour.
Voilà comment les toutes premières fraises du monde apportèrent la paix entre l'homme et la femme, et voilà aussi pourquoi, depuis ce jour, ces fruits sont appelés les baies d'amour... »
Les couples qui viennent nous consulter sont le plus souvent en crise : crise dans la relation, crise dans la sexualité, ou les deux, l’une masquant ou entraînant l’autre. Notre premier travail en tant que thérapeute de couple va être de recréer un espace de parole possible où les mots vont pouvoir prendre un autre sens et où le corps va retrouver une place souvent annulée. Que l’approche soit purement systémique orientée vers le changement ou mixte (systémique à orientation psychanalytique orientée sur le sens), l’hypnose dans les thérapies de couple est un outil à la fois peu utilisé, très peu théorisé et pourtant passionnant.
Nous allons voir dans quelle mesure l’hypnose peut être utile et comment l’intégrer.
Mais avant tout, quelques préalables : son utilisation ne se fera pas au hasard car elle nécessite de solides appuis. Le thérapeute devra à la fois être expérimenté dans l’approche des couples et en hypnose individuelle. Il devra donc bien connaître les techniques et être au fait de ce qui se joue dans une relation duelle face à un thérapeute. C’est pourquoi le choix de l’utilisation de l’hypnose devra toujours être justifiée et prudente.
Ceci dit, le champ d’investigation grâce à l’hypnose est plus large face à un couple qu’en individuel, puisque nous considérons d’une part que le couple est une entité à part entière, et d’autre part que c’est dans l’entre-deux que se joue la relation. Nous sommes donc en face de deux individus et de l’entité couple elle-même dynamique.
Ces quelques conditions posées, penchons-nous sur les pères fondateurs qui ont abordé le couple par l’hypnose. Je ne citerai que les trois principaux.
Erickson et Jay Haley
Dans l’ouvrage « Changer les couples », les conversations sur le couple, le mariage entre Erickson et Jay Haley posent les bases de la prise en charge thérapeutique, toujours en miroir avec la pratique et des cas concrets. En effet, comme pour l’ensemble de son œuvre non théorisée (au sens où nous l’entendons dans le corpus de la pensée occidentale), Erickson ne nous livre que des pistes basées sur son expérience et, comme tous les précurseurs, il était audacieux mais de plus malicieux dans sa façon de pratiquer l’hypnose en couple. Il n’empêche qu’en se penchant sur les textes, nous pouvons en extraire de vraies pistes si ce n’est théoriques, mais au moins théorico-pratiques, qui tournent autour de deux questions : qu’est-ce qu’une union réussie ? et comment aider les couples à évoluer ?
A la première question, Milton Erickson répond en décrivant quatre sortes d’amour : la forme infantile « Je m’aime moi », qui dans un deuxième temps devient « Je m’aime en toi ». Puis il décrit l’amour adolescent « Je t’aime parce que tu me plais, ta beauté ou ton intelligence me plaisent… ». Enfin l’amour adulte s’exprime ainsi : « Je veux t’aimer et je souhaite ton bonheur. Plus tu es heureux, plus je le suis et je trouve mon bonheur dans le tien. » J’ajouterais « et dans le respect que tu as du mien ».
La maturité de l’amour serait donc l’aptitude à jouir de la jouissance de l’autre. Nous voyons donc que pour Erickson l’amour se construit par strates successives. Ce modèle peut d’ailleurs s’appliquer à la sexualité, allant du plaisir auto-érotique (qui existe aussi dans la relation) au partage érotique dans un désir vivant.
A la deuxième question : « Qu’est-ce qu’une thérapie de couple ? », la réponse d’Erickson a le mérite d’être pragmatique : la thérapie consiste d’abord à amener les gens à se conduire de façon adéquate dans la réalité.
Dans ce cadre quotidien, il faut vivre, manger, réagir aux événements et préparer le lendemain. Les travaux de Jürg Willi sur la collusion et les modèles psychopathologiques de couples ont montré les interférences inconscientes qui se jouent dans la relation. D’autres travaux, comme ceux des sociologues suisses Kellerhals, Widmer et Lévy ont examiné le fonctionnement des couples non pathologiques et dégagé cinq styles de conjugalité : bastion, cocon, compagnonnage, association et parallèle. Toutes ces grilles de lecture vont permettre de trouver des points de levage pour introduire l’hypnose dans la thérapie.
Le but d’Erickson et de Haley est de permettre aux couples de modifier leur position individuellement et dans le lien afin de sortir de l’impasse. Pour cela, ils utilisent sciemment dans leurs interventions des méthodes comme l’absurde, l’illogisme, la provocation ou la prescription de symptôme. Jay Haley va jusqu’à proposer l’« ordeal therapy », où la tâche à accomplir est plus éprouvante que le symptôme. Enfin, notons que l’approche d’Erickson est la fois globale sur le plan de la personne mais toujours dans une recherche du détail dans un engagement toujours personnalisé et sur mesure.
Daniel Araoz a développé le concept d’autohypnose négative, mécanisme inconscient puissant où le dialogue intérieur active des processus émotionnels non soumis à la raison, des images mentales négatives puissantes entraînant dévalorisation et culpabilité. Il s’agit d’une évaluation de soi-même, ou de ses fonctions sexuelles ou relationnelles, en permanence destructrice ou annulatrice. Celle-ci est aussi très active quand les liens du couple apparaissent distendus par les reproches et donc les mécanismes de projection, en particulier quand le conflit devient violent en mot ou en gestes.
Pourquoi proposer l’hypnose à un couple ?
Quand la parole ne suffit plus… il est un temps où ayant fait le bilan avec le couple, et après avoir bien identifié la demande, il est utile d’utiliser l’hypnose à deux comme moyen de se dégager d’un certain nombre de blocages : répétitions, reproches, certitudes, positions trop rigides, etc. Elle permet de sortir de cette impasse en ce qu’elle propose une approche à la fois centrée sur soi-même dans le vécu du moment, mais inscrite dans la relation et sur l’échange.
L’idée est de se dégager un temps du réel et du rationnel pour permettre une ouverture et une respiration.
Quand le corps est absent de la relation… Nombre de couples se plaignent de l’absence de sexualité tout en ayant gardé une relation de bonne qualité par ailleurs, un peu comme si les corps s’étaient endormis, comme si l’espace s’était creusé subrepticement, comme si le courant tendre avait pris toute la place…
Quand l’impasse sexuelle s’impose au couple… quand un symptôme sexuel apparaît, qu’il soit du côté de la femme ou de l’homme, en particulier quand il est associé à un trouble du désir qui s’estompe, disparaît ou se fait rare, l’hypnose en couple est un complément à une prise en charge individuelle, qu’elle soit médicale ou sexothérapique, et permet une prise de distance du symptôme, une écoute de l’autre dans sa difficulté et une remise en marche de la créativité érotique.
Conditions d’utilisation
- L’hypnose s’inscrit dans une demande de thérapie de couple conjointe.
- Elle ne peut se pratiquer que par un hypnothérapeute expérimenté en thérapie individuelle et de couple, connaissant parfaitement les techniques hypnotiques et la psychopathologie.
- Elle exige l’accord et l’adhésion des deux partenaires.
- Elle ne peut se pratiquer que dans une relation de confiance avec le thérapeute, donc après un certain temps de thérapie et de bilan, ce qui permettra de choisir les axes à explorer par l’hypnose.
- Elle se pratique de façon formelle et jamais à l’insu des patients.
- Les deux partenaires vivent la séance ensemble guidés par le thérapeute.
Comment se déroule la séance ?
Les techniques classiques de l’hypnose éricksonienne seront utilisées (induction, approfondissement, suggestions directes et indirectes, reprise…). Les deux partenaires du couple vivent la séance ensemble côte à côte. Chacun ayant vécu la séance pour lui-même, le temps de l’échange permettra l’expression du ressenti corporel, des émotions, des associations d’idées, des images, mais surtout permettra la prise de conscience de cet état particulier proche de celui qui se vit dans une relation épanouie où il y a une coupure nécessaire d’avec le monde extérieur, dégagé des redondances et des répétitions qui bloquent le chemin du couple.
On y retrouvera, et chacun pourra parler de son vécu subjectif, les effets de la distorsion du temps, de la dissociation, des régressions en âge spontanées dans la liberté d’en parler ou non.
Libre choix aussi aux deux partenaires de garder le secret sur ce vécu mais surtout acceptation que l’autre ait cette liberté. Il ne s’agira donc pas de tout dire à l’autre mais d’accepter la différence.
Quels sont donc les grands axes à explorer par l’hypnose dans un couple ?
La place du corps et de la sensualité sera essentielle. Proposer d’explorer les cinq sens ensemble permettra d’accéder à une dimension nouvelle, de mettre en évidence les canaux privilégiés de l’un et de l’autre et d’ouvrir à une sensualité nouvelle, plus riche, plus libre. Ainsi la question des « préliminaires » et de l’importance de leur action sur l’excitation sexuelle sera primordiale. Nous savons qu’il y a des différences individuelles et des carences qui induisent bon nombre d’incompréhensions.
Demander au couple de se représenter ce qui fonctionne le mieux pour chacun sur le plan sensoriel permettra à la fois d’établir un diagnostic, et dans un deuxième temps d’élargir la palette de réceptivité sensorielle qui est parfois restreinte jusqu’à utiliser ses cinq sens.
Pourquoi proposer l’hypnose à un couple ?
Quand la parole ne suffit plus… il est un temps où ayant fait le bilan avec le couple, et après avoir bien identifié la demande, il est utile d’utiliser l’hypnose à deux comme moyen de se dégager d’un certain nombre de blocages : répétitions, reproches, certitudes, positions trop rigides, etc. Elle permet de sortir de cette impasse en ce qu’elle propose une approche à la fois centrée sur soi-même dans le vécu du moment, mais inscrite dans la relation et sur l’échange.
L’idée est de se dégager un temps du réel et du rationnel pour permettre une ouverture et une respiration.
Quand le corps est absent de la relation… Nombre de couples se plaignent de l’absence de sexualité tout en ayant gardé une relation de bonne qualité par ailleurs, un peu comme si les corps s’étaient endormis, comme si l’espace s’était creusé subrepticement, comme si le courant tendre avait pris toute la place…
Quand l’impasse sexuelle s’impose au couple… quand un symptôme sexuel apparaît, qu’il soit du côté de la femme ou de l’homme, en particulier quand il est associé à un trouble du désir qui s’estompe, disparaît ou se fait rare, l’hypnose en couple est un complément à une prise en charge individuelle, qu’elle soit médicale ou sexothérapique, et permet une prise de distance du symptôme, une écoute de l’autre dans sa difficulté et une remise en marche de la créativité érotique.
Conditions d’utilisation
- L’hypnose s’inscrit dans une demande de thérapie de couple conjointe.
- Elle ne peut se pratiquer que par un hypnothérapeute expérimenté en thérapie individuelle et de couple, connaissant parfaitement les techniques hypnotiques et la psychopathologie.
- Elle exige l’accord et l’adhésion des deux partenaires.
- Elle ne peut se pratiquer que dans une relation de confiance avec le thérapeute, donc après un certain temps de thérapie et de bilan, ce qui permettra de choisir les axes à explorer par l’hypnose.
- Elle se pratique de façon formelle et jamais à l’insu des patients.
- Les deux partenaires vivent la séance ensemble guidés par le thérapeute.
Comment se déroule la séance ?
Les techniques classiques de l’hypnose éricksonienne seront utilisées (induction, approfondissement, suggestions directes et indirectes, reprise…). Les deux partenaires du couple vivent la séance ensemble côte à côte. Chacun ayant vécu la séance pour lui-même, le temps de l’échange permettra l’expression du ressenti corporel, des émotions, des associations d’idées, des images, mais surtout permettra la prise de conscience de cet état particulier proche de celui qui se vit dans une relation épanouie où il y a une coupure nécessaire d’avec le monde extérieur, dégagé des redondances et des répétitions qui bloquent le chemin du couple.
On y retrouvera, et chacun pourra parler de son vécu subjectif, les effets de la distorsion du temps, de la dissociation, des régressions en âge spontanées dans la liberté d’en parler ou non.
Libre choix aussi aux deux partenaires de garder le secret sur ce vécu mais surtout acceptation que l’autre ait cette liberté. Il ne s’agira donc pas de tout dire à l’autre mais d’accepter la différence.
Quels sont donc les grands axes à explorer par l’hypnose dans un couple ?
La place du corps et de la sensualité sera essentielle. Proposer d’explorer les cinq sens ensemble permettra d’accéder à une dimension nouvelle, de mettre en évidence les canaux privilégiés de l’un et de l’autre et d’ouvrir à une sensualité nouvelle, plus riche, plus libre. Ainsi la question des « préliminaires » et de l’importance de leur action sur l’excitation sexuelle sera primordiale. Nous savons qu’il y a des différences individuelles et des carences qui induisent bon nombre d’incompréhensions.
Demander au couple de se représenter ce qui fonctionne le mieux pour chacun sur le plan sensoriel permettra à la fois d’établir un diagnostic, et dans un deuxième temps d’élargir la palette de réceptivité sensorielle qui est parfois restreinte jusqu’à utiliser ses cinq sens.
Le travail sur la respiration présente également de multiples avantages : de la simple observation de sa propre respiration, à celle de l’autre, en passant par l’accord de rythmes respiratoires en « allant chercher » la respiration de l’autre puis en retrouvant la sienne propre, instaure une qualité d’être nouvelle, intime et symbolique, notamment au niveau affectif mais aussi des rythmes du corps dans la relation sexuelle. Le souffle c’est la vie et c’est aussi ce qui véhicule la parole. C’est pourquoi je m’appuie volontiers sur le concept de « ventilation des affects » cher à Françoise Dolto, ventilation vécue dans le corps dans le cadre de la séance à deux.
La dimension de l’imaginaire érotique sera la deuxième voie, le champ pouvant être très différent d’un individu à l’autre. L’hypnose permettra au couple à la fois de partager les représentations actives tout en gardant d’autres pour soi. Car ce qui est excitant pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre et il est important de l’accepter. Le but sera de trouver sur ce plan un terrain commun qui pourra sans dommage enrichir les pratiques sexuelles au rythme du couple et non pas au rythme individuel. L’espace de liberté intérieure que propose l’hypnose aura pour donc pour but pour le couple de trouver son propre espace créatif en matière d’érotisme, sans imposer les fantasmes de l’un ou de l’autre.
Le rapport à l’autre sera lui aussi exploré en particulier dans la nature des rôles de chacun, des identifications, des projections, des interdits. On peut par exemple demander aux partenaires de se plonger dans ce qui pourrait être la relation sexuelle idéale pour eux-mêmes. Si la parole peut circuler librement après la séance et en confiance avec le thérapeute, les retours seront très riches de repères et d’éveil pour le couple. C’est souvent à cette occasion que l’histoire de chacun peut être abordée plus sereinement, puisque cette approche renverra immanquablement aux relations précoces et à la construction de la sexualité de chacun des membres du couple.
La nature du lien pourra être mise en évidence ainsi que le sens des résistances dans l’un ou l’autre domaine (le corps, l’imaginaire, la relation).
Enfin, l’ensemble de ce travail permettra de mettre en évidence la force de l’inconscient de chacun dans sa perspective constructive (dans le sens d’Erikson, le grand réservoir à ressources), à l’intérieur même de la cellule couple.
Trois techniques hypnotiques apparaissent comme privilégiées :
La régression en âge : on se focalisera dans un premier temps sur l’histoire du couple. Proposer de revivre la première rencontre ensemble, le premier rapport sexuel, les étapes importantes de la vie du couple, différentes souvent pour chacun, seront autant de pistes à exploiter. A cette occasion, chacun pourra constituer son propre album de photos du couple, autant d’arrêts sur images qui pourront faire l’objet de la construction de la mémoire évolutive du couple activée par le travail de parole qui suivra avec le thérapeute. Cette régression en âge peut être l’occasion aussi de découvertes personnelles dites ou non dites. Enfin, pas de régression sans progression, le couple aura aussi à se projeter vers l’avenir, chacun s’appuyant sur son imaginaire.
La métaphore est la deuxième voie possible. Elle peut prendre plusieurs formes : histoire proposée par le thérapeute à partir d’éléments recueillis dans les entretiens, conte retraçant l’histoire du couple, et pourquoi pas construction d’une histoire à deux en faisant parler pendant la séance. Ici la dimension symbolique prend le pas sur le réel du couple et introduit la dimension onirique, et comme le dit Teresa Robles, « la possibilité de voler librement avec la fantaisie »…
La dimension de l’imaginaire érotique sera la deuxième voie, le champ pouvant être très différent d’un individu à l’autre. L’hypnose permettra au couple à la fois de partager les représentations actives tout en gardant d’autres pour soi. Car ce qui est excitant pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre et il est important de l’accepter. Le but sera de trouver sur ce plan un terrain commun qui pourra sans dommage enrichir les pratiques sexuelles au rythme du couple et non pas au rythme individuel. L’espace de liberté intérieure que propose l’hypnose aura pour donc pour but pour le couple de trouver son propre espace créatif en matière d’érotisme, sans imposer les fantasmes de l’un ou de l’autre.
Le rapport à l’autre sera lui aussi exploré en particulier dans la nature des rôles de chacun, des identifications, des projections, des interdits. On peut par exemple demander aux partenaires de se plonger dans ce qui pourrait être la relation sexuelle idéale pour eux-mêmes. Si la parole peut circuler librement après la séance et en confiance avec le thérapeute, les retours seront très riches de repères et d’éveil pour le couple. C’est souvent à cette occasion que l’histoire de chacun peut être abordée plus sereinement, puisque cette approche renverra immanquablement aux relations précoces et à la construction de la sexualité de chacun des membres du couple.
La nature du lien pourra être mise en évidence ainsi que le sens des résistances dans l’un ou l’autre domaine (le corps, l’imaginaire, la relation).
Enfin, l’ensemble de ce travail permettra de mettre en évidence la force de l’inconscient de chacun dans sa perspective constructive (dans le sens d’Erikson, le grand réservoir à ressources), à l’intérieur même de la cellule couple.
Trois techniques hypnotiques apparaissent comme privilégiées :
La régression en âge : on se focalisera dans un premier temps sur l’histoire du couple. Proposer de revivre la première rencontre ensemble, le premier rapport sexuel, les étapes importantes de la vie du couple, différentes souvent pour chacun, seront autant de pistes à exploiter. A cette occasion, chacun pourra constituer son propre album de photos du couple, autant d’arrêts sur images qui pourront faire l’objet de la construction de la mémoire évolutive du couple activée par le travail de parole qui suivra avec le thérapeute. Cette régression en âge peut être l’occasion aussi de découvertes personnelles dites ou non dites. Enfin, pas de régression sans progression, le couple aura aussi à se projeter vers l’avenir, chacun s’appuyant sur son imaginaire.
La métaphore est la deuxième voie possible. Elle peut prendre plusieurs formes : histoire proposée par le thérapeute à partir d’éléments recueillis dans les entretiens, conte retraçant l’histoire du couple, et pourquoi pas construction d’une histoire à deux en faisant parler pendant la séance. Ici la dimension symbolique prend le pas sur le réel du couple et introduit la dimension onirique, et comme le dit Teresa Robles, « la possibilité de voler librement avec la fantaisie »…
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Coordonnées de Joëlle Mignot, Psychologue sexologue clinicienne
Responsable du DIU de Sexologie Faculté de médecine paris 13 Bobigny
Présidente de l’ASCliF (Association des Sexologues Cliniciens Francophones)
Coordonnées de Joëlle Mignot, Psychologue sexologue clinicienne
Responsable du DIU de Sexologie Faculté de médecine paris 13 Bobigny
Présidente de l’ASCliF (Association des Sexologues Cliniciens Francophones)