A propos de la fibromyalgie. Traitement de la Fibromyalgie. Hypnose et Fibromyalgie, Hypnose médicale et Fibromyalgie.

« Recadrage, Objectif, Alliance »
« Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste »
« Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé. »
« Ah! pardon, fit le petit prince. »
Traitement de la Fibromyalgie



Un patient vient parce qu'il a un problème. Par définition, s'il vient voir quelqu'un en fonction de thérapeute, une sorte de renard, c'est que ce problème lui apparaît totalement insoluble. Ceci ne fait pas l'affaire de celui-ci, qui ne se sait sans doute pas assez apprivoisé. Le plus souvent, son premier travail va être de transformer ce problème insoluble en une difficulté facilement soluble : c’est quand même plus facile de jouer à un jeu facile ! C'est ce qu'on appelle faire un recadrage, le renard dirait un apprivoisement.

Comment faire?
Il peut augmenter la confiance du patient dans la thérapie en créant une bonne alliance, en augmentant l'anticipation d'un bon résultat.
Il peut aussi changer le sens du problème, en lui montrant ,par exemple, la relativité de son problème ou bien le fait qu'il n'est pas aussi fréquent qu'il ne le pense .
Il peut lui montrer aussi que l'objectif qu’il cherche à atteindre est beaucoup plus modeste qu'il ne le pensait .
Il peut l'amener aussi à se rendre compte que le cadre dans lequel il pensait son problème ne lui permettait pas d'envisager une solution, soit parce que toutes les tentatives qu'il fait pour trouver une solution sont nécessairement vouées à l'échec s'il continue toujours à chercher la sortie du côté de la lumière comme le papillon va vers la lampe, soit parce qu'il l'amène à comprendre que son cadre de référence n'est pas le même que celui de tout le monde.

Par exemple, une patiente fibromyalgique, à partir de l'idée d'être prisonnière de son propre corps, pourra avoir l'image d'un être minuscule enfermé dans la cage de son corps. Chacun comprendra qu'avant de s'occuper du corps, il vaudra mieux s'occuper de cet être minuscule en détresse.
Bref, le thérapeute va tenter d'amener le patient sur un nouveau terrain où il va être plus facile de gérer la difficulté.
« Veux-tu jouer avec moi? »… « On dirait que... » disent les enfants avant d'entrer dans le monde magique d’un jeu accepté par les protagonistes. Peut-être que la thérapie n'est que cela, un jeu de langage, disent certains.


Quelles sont les idées que je souhaite faire passer ?

Je souhaite vous transmettre l'idée, partagée par notre groupe de Nantes (AREPTA -- institut Milton Erickson), que le champ d'intervention de l'hypnose et des thérapies brèves est le même, de la même façon qu'il est absurde de penser hypnose sans penser stratégie. En l'absence de celle-ci, l'hypnose n'est qu'un sac vide.
Les unes et les autres pratiques nécessitent de créer un nouvel espace virtuel, sécure et magique, un espace de jeu, au sein duquel les opérations de négociation du changement vont avoir lieu.
L'opération fondatrice de cet espace est le recadrage dont l'acceptation va être un puissant facteur d'alliance.
La force de l'alliance thérapeutique, du transfert, diraient certains ,va permettre l'acceptation collaborative de la possibilité du changement .
L'opérateur du changement sera dans tous les cas, qu'il s'agisse d'hypnose ou d'autres thérapies, une expérience émotionnelle correctrice, inductrice de changements comportementaux et cognitifs.
Qu'elle se produise d'une façon imaginaire ,puis réelle ,dans le cadre de l'hypnose, ou bien de façon réelle, puis imaginaire ,dans le cadre des prescriptions et tâches des thérapies brèves ou stratégiques , je reste toujours émerveillé que la transformation de ce qui n'est ,au départ ,qu'une suggestion ,en expérience émotionnelle et comportementale correctrice puisse ancrer la possibilité du changement et l'inaugurer tout simplement parce que le thérapeute et le patient auront co-créé un espace « magique » dans lequel les mots, les émotions , le représentations ont le pouvoir de tracer de nouvelles cartes et de nouvelles réalités.


Souvent, savoir recadrer une plainte, savoir négocier un objectif, savoir créer l'alliance, savoir permettre une expérience émotionnelle correctrice, sont des savoir-faire qui apparaîssent aux débutants comme étant des pratiques bien difficiles dont la maîtrise est réservée à quelques «génies », ce qui fait que beaucoup cessent rapidement ces pratiques au profit de, quelquefois, faire plus ce qui ne marche pas.

Je me propose d’essayer de faire passer l'idée que tout ceci n'est peut-être pas si inabordable que cela, que ceci peut relever de l’apprentissage technique et de l’entraînement plutôt que du génie, et est accessible même à des êtres humains ordinaires, à la condition qu’ils soient de bonne volonté et déjà sensibles à l’enrichissement qu’apporte la relation à l’autre.

Surtout, grâce à ces bases bien comprises, il devient tout à fait possible de comprendre comment passer facilement d'une modalité d'hypnose à une modalité de thérapie brève ou stratégique, et réciproquement. Ceci ouvre à la possibilité de créer des stratégies thérapeutiques dans le meilleur des cas, ou bien, au minimum, à la possibilité de faire autre chose quand ça ne marche pas , sans pour autant donner l'impression aux patients d'une démarche non cohérente.

Je me permettrai donc d'aborder devant vous quelques idées concernant la construction de l'alliance thérapeutique, la construction d'un recadrage .


L'alliance « thérapeutique »

En rassemblant les principaux résultats des chercheurs dans le monde autour du sujet de l'évaluation de la thérapie, Miller arrive à la conclusion que les résultats d'une thérapie sont liés pour 40 % à des facteurs liés au client, à 30 % à la qualité la relation avec le thérapeute, à 15 % aux espoirs et aux attentes du patient ; reste seulement 15 % pour la technique quel que soit le modèle.

Les facteurs liés au patient regroupent globalement tout ce que nous appelons les ressources ,qu'il s'agisse des expériences positives passées, des valeurs , ou bien des ressources du contexte.

La qualité de la relation, ce que nous pouvons appeler aussi l'alliance thérapeutique est l'évaluation par le patient de la qualité du partenariat avec le thérapeute. Bien sûr, l'alliance n'est pas naturelle et il apparaît essentiel que le thérapeute sache aider à construire la meilleure relation et, ce qui est le plus difficile, à la maintenir sans perdre le patient , même si c'est pour continuer à avoir raison.

Les attentes sont ,bien sûr ,très liées à la vogue médiatique de telle ou telle thérapie ou bien à la séduction que tel ou tel modèle opère auprès du patient. Mais l'attente, c'est également celle que saura créer le thérapeute en permettant par exemple l'anticipation. Dans tous les cas , pensez à la puissance de l'effet Pygmalion et ne le négligez pas ...

Quant à la technique psychothérapique elle-même, il est finalement très réjouissant de se rendre compte qu'elle n'est pas si essentielle, qu'il n'y a pas de modèle qui justifie de se battre et de créer des chapelles d'exclusion. Nous connaissons tous de bons psychanalystes, de bons thérapeutes de tous horizons, nous en connaissons même certains qui nous semblent très mauvais et qui aident positivement leurs patients contre nos attentes.
Je ne veux pas dire qu'il faille pour autant mépriser la technique qui sous-tend très souvent une représentation de la relation, voire du monde, très utile pour une bonne qualité de relation . Surtout, elle permet au thérapeute de se sentir à l’aise dans la relation grâce à cet outil, j'aurai donc tendance à penser qu'il vaut mieux avoir de très nombreux outils dans sa boîte pour mieux répondre aux attentes du patient et permettre au thérapeute de continuer à se sentir confortable en toutes situations.

Quels sont les principaux outils d'alliance ?

-- La position du thérapeute : son confort physique et mental : ne pas être coincé ou otage

--L'écoute :savoir utiliser les mots et formules du patient
:savoir poser des questions en lien avec la réponse précédente du patient pour lui montrer qu’on l’écoute vraiment.
* savoir appréhender la position imaginaire du patient, souvent en obtenant une comparaison ou une métaphore de sa représentation de lui-même en relation à un contexte. Grâce à cela, le thérapeute va pouvoir appréhender les émotions du patient et pouvoir comprendre le monde de celui-ci, donc pouvoir percevoir ses besoins qui sont quelquefois tellement éloignés de ce que le thérapeute s'imaginait.
* écouter et accepter les théories du patient sur:
-ce qui lui arrive et donc laisser tomber celles du thérapeute
-sa conception du chemin de changement , qu'il passe par le médicament, l'hospitalisation ou bien par l'idée qu'il a de devoir revisiter son histoire au passé (psychanalyse) ou au présent (HTSMA)
-ce qui marche et qu’il convient de continuer de faire : les solutions existantes donnent le style de la thérapie .


-- Définir l’objectif de la thérapie qui est celui du patient et non pas celui du thérapeute, en repérant et en tenant compte des objectifs des tiers , qu'il s'agisse d'individus, de groupes ou bien de représentations sociales et culturelles.


-- Reformuler en termes positifs : « si je comprends bien »; n'oubliez pas que la reformulation donne l'occasion au thérapeute de sélectionner dans les dires du patient ce qui va être utile au message qu'il souhaite faire passer et que c'est donc un outil puissant pour introduire les recadrages tout en construisant l'alliance.


-- Complimenter le patient: -sur la façon dont il résiste aux problèmes
-sur ses valeurs de vie


-- Evaluer avec le patient : -la façon dont il se sent compris par le thérapeute
-la pertinence de l’objectif
-sa confiance dans l’issue de la thérapie
-les tâches

Ces questions sont sans doute ce qui a le plus changé ma pratique depuis longtemps. Jamais je ne me suis senti autant exposé que dans ces questions, jamais je n'ai saisi autant la possibilité de reprendre le débat en arrière et de rattraper les choses, tellement le souhait du patient que les choses se passent bien est fort.

Pour ceci, j'utilise des échelles.
Par exemple, alors que j'avais l'impression d'avoir construit une excellente relation, un patient n'a évalué la compréhension qu'à 60 %. Il m'a exprimé que nous avions effectivement tout à fait bien compris le problème mais que nous n'avions pas parlé de la question des médicaments, fondamentale pour lui à travers la pression faite par son médecin, par l'entourage, et suscitant pour lui une grande crainte de dépendance. Une fois que nous avons pu évoquer cette question avec lui, ce qui a pris très peu de temps, l'évaluation est montée à 90 %

Recadrage

L’opération du recadrage me semble être fondamentale avant toute action thérapeutique. S'il est un outil de base dans la PNL, son importance est souvent négligée dans l'hypnose, voire dans certaines thérapies brèves, notamment solutionnistes.
L'état d'hypnose est-il en lui-même un recadrage suffisant, ou bien le recadrage doit il précéder la séance pour la rendre plus aisée ?
L'expérience nous montre qu'une séance d'hypnose bien construite inclut nécessairement une expérience qui peut être qualifiée d'irréfutable par le patient. Il va s'agir d'une expérience directement corporelle telle la lévitation ou bien la catalepsie, ou bien d'une expérience sensorielle hallucinatoire qui donnera au sujet cette sensation extraordinaire de pouvoir être présent sur deux scènes au même moment.
Pendant les formations, j'ai l'habitude d'interroger les stagiaires sur ce que ce type d'expérience change dans leur conception d'eux mêmes ; ils répondent généralement qu'ils se sentent maintenant capables de faire des choses qu'ils ne soupçonnaient pas, voire d'appréhender différemment leur représentation de l'avenir. Ces simples expériences ont donc eu pour objet de recadrer profondément la représentation de leurs compétences et aussi celle de leur capacité à surmonter leurs difficultés personnelles.
Si la séance d'hypnose ne s'accompagne pas de cette découverte, et celle-ci n'a pas besoin d'être toujours verbalisée, je pense qu'elle ne restera pas plus importante qu'une simple expérience de relaxation.

Bien souvent, les problèmes de douleurs deviennent des problèmes relationnels, enfermés dans des rigidités de comportement entraîné par les efforts que patient et entourage font pour arranger les choses : recadrer le fait que, plus l'on fait d'efforts pour arranger les choses, plus c'est pire est très souvent utile lorsqu'on sait faire ce qu'il faut après.

D'autres techniques de recadrage, tel le recadrage par l'objectif , sont extrêmement utiles : « si je comprends bien, ce que vous voudriez, ce serait de pouvoir trouver un peu de temps pour vous sentir bien toute seule ; est-ce qu'on pourrait dire, qu'au-delà de la fibromyalgie, votre problème serait de ne pas savoir vous occuper de vous-même ?
il est aussi possible de recadrer les douleurs comme étant une ombre dont la personne ne peut pas débarrasser et avec laquelle il va falloir qu'elle compose, un homme sans ombre étant un fou, Shakespeare l'a dit avant nous.
Il est aussi possible d'externaliser la douleur en en faisant en un personnage que le patient pourra insulter, charmer, etc.

Globalement, au-delà de l'opération sémantique, le recadrage me semble être une opération fondamentale entre le patient et le thérapeute qui permet que tous deux soient autorisés à entrer dans le monde de la construction, de la virtualité, avec cette découverte , similaire à celle de la séance d'hypnose , qu'il est possible d'être présent sur deux scènes à la fois.
Qu'il s'agisse d'hypnose ou de thérapies brèves, la mise en jeu est la même : il s'agit de construire un espace magique et sécure d'intervention qui doit aussi être obligatoirement « biodégradable » , comme le disait Jacques Antoine Malarewicz, pour que sa résolution -- disparition soit sans traces et laisse le sujet libre de ses choix, sans empreinte du thérapeute.

Quelques modèles de recadrage

Recadrage par l'objectif

Le patient vient à la consultation avec l'idée que l'objectif d'aller mieux est quasiment impossible à atteindre sauf miracle. L'amener à découvrir que ce qu'il veut n'est au fond pas si éloigné que cela va beaucoup augmenter sa confiance et l'alliance avec ce thérapeute qui ne lui promet pas la lune.
Quelques questions simples sont extrêmement puissantes. « À quoi saurez-vous que les choses commenceront aller un peu mieux? »
« Quels changements feraient savoir à un tel ou une telle qui vous a renvoyé ici que les choses vont mieux? En quoi êtes-vous d'accord avec cette idée? »
Il devient très facile de recadrer le problème comme étant le spéculaire inversé de l'objectif : « Si je comprends bien, votre problème est de ne pas réussir à atteindre cela ; si nous pouvions travailler ensemble à atteindre cela ,ce serait un grand changement, n'est-ce pas? ».



Recadrage par l'empathie (position imaginaire du sujet)

Quelquefois, voire assez souvent, notre simple empathie bienveillante ne nous permet pas d'aller chercher le patient là où il est. Ce peut être parce que sa position sociale est trop proche de la nôtre, ou bien parce qu'il nous paraît trop normal. Nous aurons alors tendance à nous nous identifier, voire, pire, à projeter notre vision du monde sur lui ; et ce sera encore pire. Nous avons besoin de comprendre sa position pour pouvoir être dans la position d'empathie que conseille Carl Rodgers : voir le monde à travers ses yeux sans avoir besoin d'éprouver ses émotions. .
En ce qui concerne l'objectif, il est frappant que ce mot ne soit qu'exceptionnel dans l'oeuvre de Milton Erickson. En fait, il s'avère qu'il parle beaucoup plus souvent de besoins. En lisant de plus près, les besoins sont ce qu’il ressent à propos de ce que la personne nécessite comme ressources pour atteindre son objectif . Notons que ces besoins ne sont pas ceux qui apparaîtraient évidents à première vue, mais répondent en fait à une compréhension de la position de la personne.
Pour moi, la position est la place où le « patient » se trouve imaginairement en rapport un contexte, qui permet de saisir son émotion, sa détresse ou son désespoir, et qu'il va souvent nous livrer sous la forme de métaphores : « Je suis dans le fond du puits », « Je me sens comme une vieille voiture abandonnée dans le fond d'un ravin ».
Tout le monde n'ayant pas accès directement à cette pensée métaphorique, il faut souvent aider les patients en leur disant :
« Certaines personnes me diraient qu'elles se sentent dans le fond du puits, d'autres, dans la prison de leur corps, d'autres encore autre chose... ». D'autres n'auront même pas une vision humaine d'elle-même, mais apporteront des métaphores animales ou bien même d'objets : « Je me sens comme un chien abandonné dans une ville ».
Bien souvent, le premier objectif ,lorsqu'on est dans le fond du ravin, est d 'être remorqué et mis au garage ; dans le fond du trou, il sera d'avoir moins froid par exemple, ou bien d'y être plus au sec ; quand on est un être minuscule enfermé dans la cage de son corps, le plus utile sera peut-être d'augmenter le confort dans la cage, de la nettoyer, etc.
Après un geste signifiant que nous sortons de la métaphore, de la fiction, je demande alors : « Qu'est-ce que ça serait, dans votre vie actuelle, faire le ménage et augmenter le confort ? ». J'apprendrai alors que la personne a besoin de moments pour elle, qu'elle a besoin de stabiliser son couple pour ressentir plus souvent de la chaleur humaine, qu'elle a besoin d'apprendre à être plus autonome comme elle savait le faire quand, petite fille, elle gérait quasiment toute seule la maison alors que cette tâche était au-dessus de ses forces.
Nous comprenons alors combien cette métaphore de la position imaginaire du sujet nous permet d’appréhender ses besoins et combien la prise de conscience, pour lui-même, de ses besoins, lui permet d’inventer une signification nouvelle au problème immense et insurmontable qu'il croyait avoir, qui engendrait son sentiment d'impuissance et la honte de se sentir disqualifié par rapport à congénères.

recadrage par l'anticipation

Un deuxième modalité qui va nous, et surtout renseigner le patient lui-même, sur ses objectifs de vie va être apportée par les techniques d’anticipation ,que ce soit celle de la boule de cristal, l’utilisation des projections dans le futur, celle de la question du miracle. Ceci va plus nous renseigner sur les valeurs fondamentales que le sujet pense respecter dans sa vie futur que sur les éléments concrets de sa progression.
Nous pouvons utiliser les techniques du miracle ou de l'anticipation dans le futur ou de la boule de cristal : toutes ces représentations ne sont pas à prendre au pied de la lettre, voilà pourquoi Erickson utilisait souvent l'amnésie après ce type de proposition dans le but de le patient ne soit pas tenté de mesurer la distance qui le sépare du miracle.

En thérapie, la connaissance de ces éléments va avoir un effet recadrant. « Si je comprends bien, ce dont vous auriez besoin , c'est de réussir à faire telle ou telle chose dans le but d' atteindre et de dépasser telle ou telle étape de votre vie... Et le problème qui vous amène est l'obstacle principal qui vous en empêche... Êtes-vous d'accord avec ce point de vue et pour que nous travaillions cela ensemble ? ».

C'est ainsi que « j’apprendrai » que cette femme consultant pour sa fibromyalgie souhaite conserver son courage, son sens de l'initiative, son opiniâtreté qu'elle avait mis jusque-là au service de sa vie professionnelle et qu'elle désire que , dans l'avenir, ces qualités restent fondamentales pour construire son espace de vie et son équilibre familial. Par la même occasion, elle se rend compte qu'elle mettait essentiellement ces valeurs au service de l'entreprise, ce qui l'éloignait de son objectif de vie et créait les difficultés de couple actuelles et le sentiment d'injustice dans lequel elle était ; ensuite, elle n’a pas eu de mal à penser que , dans l’avenir, elle prendra toutes ses décisions en tenant compte de cette nécessité de sauvegarder ces valeurs et son objectif de vie. La fibromyalgie qui l' avait amenée à consulter s'étaient en partie transformée en une difficulté à assumer une hiérarchie dans ses choix.


Recadrage dans et par l'hypnose

En hypnose, le travail de recadrage peut précéder la séance et être ,même, une induction.
A ce propos, le patient dit souvent qu'il a accepté cette idée nouvelle seulement après un temps de surprise et de réflexion. L'expérience montre combien les patients sont quasiment systématiquement en situation de communication hypnotique après un recadrage ,si l'on s'en tient à l'indice des réponses littérales ou bien des indices non verbaux.
Il m'apparaît en effet tout à fait possible qu'une séance d'hypnose, non précédée ou accompagnée par cet opérateur de contexte, puisse ne pas avoir d'effet thérapeutique, n'être vécue que comme un moment agréable. D'ailleurs ,nous remarquons bien que l'acceptation préalable d'un recadrage rend peu probable la résistance, alors qu'elle est maximale si la séance d’hypnose tente d'agir directement sur un symptôme qui n'est pas recadré.
Plus que la question de l'hypnose directe ou indirecte, il me semble que c'est la question de l'hypnose avec ou sans recadrage qui différencie profondément l'hypnose traditionnelle injonctive de l'hypnose dite nouvelle, en amenant le patient à la découverte de nouvelles compétences. C'est le recadrage qui va permettre que l'hypnose puisse se départir de la mission implicite d'avoir à diminuer la douleur pour que le patient accepte qu'il soit plus intéressant, au moins dans un premier temps, de diminuer la gêne causée par la douleur.


Recadrage par les échelles

Je ne résisterai pas au plaisir de vous décrire combien une technique aussi simple que l'usage d'échelles d'évaluation peut-être un puissant moyen de recadrage.
Le patient douloureux chronique et fibromyalgique demandent quasiment tous que nous réduisions l'intensité de leur douleur. Si nous lui demandons de coter sur une échelle graduée de 0 à 10 combien sa douleur le gêne, il nous dira peut-être 6 ou 7. Si nous lui demandons à combien il faudrait qu'il soit sur cette échelle pour que les choses commencent à aller mieux, il répondra 4 ou 5. Si nous lui demandons alors ce qui serait possible dans sa vie s'il était à 4 ou 5, il nous dira peut-être qu'il pourrait aller acheter le pain tout seul en fin de matinée. Reconnaissons qu'il va être infiniment plus facile d'aider une personne à mieux faire face à sa douleur pendant une heure par jour qu'à en diminuer l'intensité en permanence. Voilà le type de travail que nous a renseigné Jo Barber.


Conclusion

J'arrive maintenant à la fin de mon propos.
J'espère vous avoir transmis mon idée, notre idée que l'alliance thérapeutique et le recadrage sont des outils intimement liés, interdépendants qui vont permettre à celui qui prend la place de patient et à celui qui prend la place de thérapeute de construire d’abord un espace magique de jeu dans lequel les mots, l'imagination, les émotions deviennent des actes qui impliquent le corps .
Ceci va permettre à celui qui était dans la place de patient de construire une nouvelle vision, personnelle et attractive, de son avenir .
Quand à celui qui était à la place de thérapeute, il suffit qu’il en garde une trace positive suffisante pour se rendre à nouveau disponible à d'autres qui éprouveront le besoin de lui apporter leurs souffrances .
Ceux-ci ne savent pas encore qu'il ne sait que leur dire simplement , d'une manière ou d'une autre : « Veux tu jouer avec moi ? ».

Ce propos, ce sera aussi celui du prochain forum d'hypnose et de thérapie brève de langue française de Nantes pendant lequel nous essaierons de vous accompagner dans ce voyage, dans cette liberté , nouvelle peut-être pour certains d’entre vous, habituelle déjà pour beaucoup, permettant d'aller et venir autour de carrefours de recréation permettant de prendre une nouvelle direction sans qu'il soit jamais dangereux de faire marche arrière , puis d'en prendre une autre si c’est utile , tout autant que nous permet la grande bienveillance et l'immense volonté de coopération de ceux qui mettent tellement d'espoir en nous qui pouvons si peu.

Nous ne savons pas grand-chose de plus, sinon les traces de notre expérience empirique , que ce que fait une petite fille qui trace à la craie, sur le sol de la cour de récréation, l'espace du monde représenté par le tracé d’une marelle, offrant cette carte, ou, selon le désir de chacun, ce qui est déjà devenu un territoire, un monde à ceux ou celles qui voudront bien accepter d’y rentrer pour aller au paradis en évitant les pièges de l’enfer, selon la symbolique communément admise de ce jeu.


Rédigé le 10/01/2009 modifié le 01/09/2017
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- Formateur en Hypnose Médicale, Ericksonienne et EMDR - IMO au CHTIP Collège Hypnose Thérapies… En savoir plus sur cet auteur


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