Progressivement, dans le couple, le support vidéo va devenir comme une drogue. Ils ne peuvent plus avoir d’orgasmes « vrais », comme ils disent, sans la vision des images d’un film, qu’ils essaient de reproduire, parfois, co-simultanément, par mimétisme, dans leur acte sexuel, comme si le film était pour eux une sorte de guide ou de manuel d’instructions qu’ils doivent, impérativement, suivre à la lettre. Sans le support vidéo, leur relation sexuelle devient fade et sans attraits.
Ainsi la vidéo triangule la relation entre Jacques et Julie. Le rapport interindividuel passe par l’introjection commune des images à l’écran. Ces images à l’écran introduisent un clivage intérieur, puisqu’ils sont, à la fois, et dedans et dehors. En prenant une phrase de Jacques Lacan, on peut dire qu’ils sont « en exclusion interne à leur objet ». Mais pour eux, c’est un message vecteur portant et nourricier, même s’ils sont divisés entre cette image à laquelle ils veulent s’identifier – et qu’ils ne sont pas - et cette sensation physique interne qu’ils ressentent - mais qui n’est pas celle des acteurs à l’écran. On peut dire ici que c’est la dimension imaginaire, médiatisée par ce support réel, qui reste prépondérante, puisque, si elle disparaît, l’intensité de la relation sexuelle disparaît aussi.