QUE POUVONS-NOUS DIRE À PROPOS D’ADDICTION ?
Sans prétendre être rigoureusement exhaustif, les consultations en addictologie concernent essentiellement :
- Les addictions « avec produits » : au cannabis, à la cocaïne, à l’héroïne, au tabac, à l’alcool, au déodorant, au crack, aux nouveaux produits de synthèse de type MDMA (l’ecstasy correspond à une forme en comprimés) et amphétamines (ou speed), aux champignons hallucinogènes, aux médicaments détournés ou non de leur usage (anxiolytiques, hypnotiques, antidépresseurs, etc.), aux aliments (compulsions boulimiques)...
- Les addictions « sans produit » : aux jeux d’argent, à internet (réseaux sociaux, jeux de rôle et paris en ligne), au travail (workaholisme), au « sexe », sans oublier les dépendances affectives. Naturellement, le retentissement reste spécifique pour chaque patient au niveau du triptyque « social, familial et clinique » :
- Social : du délit pour conduite en état d’ivresse à une véritable désocialisation (avec marginalisation).
- Familial : fugues (chez l’ex adolescent), violence, séparation, plaintes.
- Clinique : Retentissement physique d’une con - sommation pathologique (surinfections, hépatites (B, C), syndrome de l’immunodéficience acquise, etc.), prise de poids ou amaigrissement. Retentissement psychologique et psychiatrique avec confusion, délire paranoïaque, agressivité, état mélancolique pouvant conduire au suicide. Mais quelles que soient les addictions, nous accueillons un patient enfermé dans l’immobilisme de sa pensée. Soit il ne parvient plus à associer ses idées pour construire ou suivre un raisonnement (le processus de mentalisation décrit par Pierre Marty se trouve altéré), soit il reste irrémédiablement préoccupé par sa problématique addictive, s’éloignant par voie de conséquence de son entourage (plus ou moins rapidement).
A PROPOS D’HYPNOSE MUSICALE
Dans la prise en charge « médico-sociopsychologique « des patients qui souffrent d’addiction, je propose d’adjoindre au traitement la pratique de l’hypnose musicale. Celle-ci permet en effet de stimuler l’imaginaire en faisant appel à la créativité. La remise en route de la fluidité de la pensée signe un retour dans le présent, autorisant de nouveau le patient à l’échange en dehors du conflit. Il peut dès lors aspirer au plaisir physique ou intellectuel sans devoir lutter en permanence pour sa survie sans « produit » ! Pour pratiquer l’hypnose avec le patient, la priorité demeure son assentiment, après lui en avoir clairement exposé les principes. Il me semble également essentiel d’en informer avec son accord, son médecin traitant et/ou l’équipe médicosociale qui le soutiennent.
L’hypnose propose d’installer le patient dans un espace de tolérance et de relative sérénité qui l’aide à retrouver sa place, et même parfois à trouver une place ! La musique facilite l’entrée en confusion afin d’éloigner ou d’atténuer la frustration face au «manque» et le ressenti douloureux des émotions les plus négatives (tristesse, regrets, honte, culpabilité, etc.). Il s’agit donc d’une invitation à l’apaisement qui (ré)ouvre un espace à la pensée libre lorsqu’elle est vécue comme une expérience positive. Le patient pourra dès lors y avoir recours par des exercices d’auto-hypnose, dans des moments difficiles (situations à risques, instants de profonde frustration, souffrance pour s’autoriser à accéder au plaisir, etc.).
A PROPOS DE L’INTERVENTION DE JEAN-MATHIAS PETRI
Afin d’amplifier l’impact de l’hypnose sur la capacité du patient à « restimuler « son imaginaire (libérateur), j’ai invité Jean-Mathias Petri, flûtiste, compositeur et improvisateur, professeur co-responsable de la classe de jazz du conservatoire à rayonnement départemental de St-Brieuc. Habitué des rencontres musicales multiculturelles et traditionnelles, il pratique et s’intéresse à l’improvisation depuis longtemps. Il a accepté de participer musicalement à deux consultations où je recevais des patients souffrants d’addictions (à l’alcool et au cannabis) après leur avoir expliqué le cadre rigoureusement respectueux dans lequel nous allions travailler, avec leur accord écrit.
Durant ces séances, j’ai induit l’hypnose par quelques mots simples et rassurants, confiant rapidement à Jean-Mathias Petri le rôle d’installer une confusion agréable mais plus profonde par sa création musicale improvisée. Tout en suivant cet échange installé naturellement entre le musicien et le patient, je proposais à ce dernier d’exprimer son ressenti au cours de l’exercice. Je le laissais s’installer dans l’espace hypnotique pour y trouver la force suffisante de raviver ses envies éteintes ou englouties sous l’emprise des « produits ». Jean-Mathias Petri et moi-même avons vécu ces séances avec une grande intensité exacerbée à chaque instant par l’aspect insaisissable de l’improvisation musicale. En effet, le patient se trouvait dans une position instable, entre l’inconnu absolu d’une improvisation et mon approche hypnotique visant à ralentir ses pensées envahissantes pour favoriser son imaginaire créatif et thérapeutique.
A PROPOS DU PREMIER PATIENT
Le patient auquel je pense me consulte depuis quelques mois, souhaitant diminuer sa consommation de cannabis qui envahit sa vie et qui le plonge peu à peu dans l’hibernation. Son travail dans le milieu de la création internet me conduit naturellement à lui proposer l’utilisation de l’hypnose musicale pour ouvrir un espace d’apaisement dans lequel nous allons pouvoir construire le projet thérapeutique.
« L’hypnose va aider le patient à s’installer face à nous, et à réinvestir sa propre présence. Ce temps où il se réapproprie l’instant comme un espace d’existence (sans produit) va lui permettre de communiquer de nouveau, protégé des émotions les plus violentes par ce paravent hypnotique […]. Il recouvre la possibilité de penser plus en paix avec lui-même. »
Constatant le « mieux être » ressenti par le patient, je présente à ce dernier un projet qui associe les outils que nous avons utilisés jusque-là, mais en les intégrant dans une séance d’hypnose particulière. En accord avec le patient, j’invite Jean- Mathias Petri à s’installer avec respect dans le bureau de consultation, en s’asseyant sur le divan. Un son « magique » apparait et vient s’associer au traditionnel colloque singulier. Je guide le patient vers une marche imaginaire dans le décor qui lui plait. Il se promène dans la nature, sur un chemin, et se laisse sereinement bercer et stimuler à la fois par les séquences musicales improvisées. Le musicien observe attentivement le patient auquel je parle lentement, doucement, pour sécuriser sa promenade hypnotique.
Les variations sonores enveloppent les manifestations discrètes du visage du patient .Celui-ci semble installé avec confort et exactitude dans le présent de la séance. Devenant un « rapace », il se met à survoler le chemin et se déplace librement. Mais il se glisse rapidement dans la peau d’un «serpent » qui se cache dans les recoins d’une ruelle. L’aigle piste sa proie, et le serpent se faufile hors de sa vue. Le patient a spontanément évoqué cette dualité « rapace-serpent », en éprouvant de l’attirance pour les deux .La menace qu’il éprouve en tant que reptile ravive son désir de fuir le danger pour vivre loin de cet aigle. Le patient exprime donc clairement son envie de mieux se situer dans le présent, en tant qu’acteur de ses pensées. L’hypnose lui ouvre « le champ des possibles »…
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Le Dr Pascal Vesproumis, médecin addictologue à Annecy et Evry, Membre de France EMDR-IMO ®
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Bien que controversée, l’idée que nous entrerions dans une nouvelle période géologique dont la caractéristique serait d’être principalement déterminée par l’action de l’homme – période de ce fait appelée Anthropocène – cette idée a l’avantage, en ce début d’année, d’ouvrir ceux de nos yeux qui n’étaient pas déjà ouverts à cette réalité. Pour certains spécialistes, la date de ce changement d’époque serait celle de l’invention de la machine à vapeur : 1784. Coïncidence amusante : ce fut aussi l’année du rapport royal sur le magnétisme animal qui, s’il aboutit à la condamnation de ce dernier, fonda surtout la médecine et la thérapie par l’imagination que nous pratiquons aujourd’hui avec nos patients !
Bien choisir le solvant. Aux confins de l’hypnose et des thérapies méditatives, Sophie Cohen montre comment la douleur peut être dissoute si nous sommes attentifs à ajuster notre posture. Un texte dans la continuité du travail de la grande thérapeute solutionniste Insoo Kim Berg. Soluble ? Comme un comprimé effervescent ? Oui, presque. Et si c’était possible ? Pourquoi pas ? C’est une idée tentante, qu’en pensez-vous ? Soluble, d’accord et soluble dans quoi ? C’est justement cela qu’il convient d’identifier.
VERS UN TOUT NOUVEL ASPECT DES CHOSES ! Comment sortir d’un problème ? A cette question banale, Gérard Lavoie, professeur en sciences de l’éducation au Québec, développe en la prolongeant la réflexion de Ludwig Wittgenstein sur la notion de « changement d’aspect ». Un texte très intégratif qui éclaire tant la pratique hypnotique que celle des thérapies brèves stratégiques, solutionnistes et narratives ! Pour faire le saut hors du cadre piégeant d’un problème, le philosophe Ludwig Wittgenstein propose la voie du changement d’aspect.
Décider ce qui est bon. Autre illustration de l’intérêt actuel de l’hypnose en addictologie, cette manière de faire de Dominique Megglé pour aider ses patients à arrêter de fumer. Manière qu’il appelle protocole, mais ne soyons pas dupes : un protocole multidirectionnel bien loin des arbres décisionnels de l’Evidence Based Medecine !
PETITE HISTOIRE D’UN PROTOCOLE. Il y a une dizaine d’années, il a commencé à se savoir dans la population que l’hypnose pouvait aider au sevrage tabagique.
Situant comme centrale l’attention du thérapeute sur son propre confort, Thierry Zalic développe ici 10 autres points méthodologiques qui complètent les 6 premiers exposés dans notre précédent numéro. Et nous montre aussi comment il est parvenu à développer un style thérapeutique inspiré du détachement oriental tout en s’avérant très personnel. 7. Rien n’est jamais plus fort que vous / pensées auto-limitantes
Parfois vous me dites : « C’est plus fort que moi d’être triste, ou d’avoir peur ». Rien n’est plus fort que vous. La maladie, la tristesse ou la peur ressentie, c’est toujours vous. Ce qui est plus fort que vous n’est qu’une partie de vous.
Bien souvent la notion d’altruisme nous fait penser à quelque chose de naïf, et donc de dangereux. A moins que cette bonté envers les autres, nous la considérions comme un devoir. Faire la « bonne action » qui justifierait notre existence, qui la ferait prolonger dans une sorte de marché avec la divinité, avec la Vie. Matthieu Ricard est loin de cette conception. Devenu moine bouddhiste immédiatement après avoir terminé sa thèse de biologie avec le Nobel François Jacob, il travaille depuis de nombreuses années avec des chercheurs qui souhaitent mieux comprendre les effets neurocérébraux de la méditation. Notamment de deux types particulièrement importants que sont la méditation sur l’amour altruiste et celle sur la compassion.
Les Fêtes de fin d’année sont déjà bien lointaines. Et pourtant les murs de beaucoup d’appartements et de maisons résonnent encore de cette extraordinaire phrase : “ Ça m’étonnerait ! ”Elle a un timbre si marqué qu’elle est obligatoirement suivie du point exclamatif. Vous n’allez quand même pas imaginer une telle phrase, chaque fois prononcée avec une conviction sans égale, se terminer avec un misérable petit point. Non ! Il lui faut le point exclamatif. Et si je pouvais le mettre en majuscule, je n’hésiterais pas une seconde. Ça m’étonnerait que vos tapisseries, vos tapis, vos plafonds ne soient pas enrichis, inondés, envahis voire saturés par ce refrain : “ Ça m’étonnerait ! ”. Avez-vous l’impression de lire une affirmation qui ne vous concerne pas ? Eh bien, vous avez tort.
La fin de l’année 2013 a été marquée par une recrudescence des évaluations « Evidence Based Medecine » en hypnose. Par exemple, Dickson-Spillmann et collaborateurs (2013) montrent qu’une séance unique d’hypnothérapie permet de maintenir un comportement d’abstinence chez 15% des fumeurs (évaluation à 6 mois). Un niveau de résultat assez habituel dans les méta-analyses depuis plusieurs années, et qui flirte avec la moyenne des méthodes alternatives et complémentaires, comme le montre une nouvelle étude portant sur près de 55000 patients (Hamm et al, 2013) : toutes méthodes MAC (« médecines alternatives et complémentaires ») confondues, on est aux alentours de 15% de réussite pour le sevrage tabagique.
Entretien de Catherine BOUCHARA par Thierry SERVILLAT.
Je connaissais déjà un peu le travail que Catherine Bouchara, psychiatre et hypnothérapeute parisienne, entreprenait sur Charcot car j’avais vu son film il y a deux ans lors de l’Université d’été organisée par Patrick Bellet à Vaison la Romaine. A l’occasion de la sortie de son livre, Catherine a bien voulu m’accorder un entretien. Thierry : Catherine, cela fait plusieurs années que, en plus de ton exercice libéral en cabinet, ainsi qu’à la Salpêtrière, tu travailles assidument pour parvenir à la réalisation de ce livre magnifique. Comment l’idée de travailler sur Charcot t’est-elle venue ?